Oreka

Comment faire une réorientation de carrière réussie au Québec

Réorienter sa carrière avec Frédéric Piot, PhD., conseiller en orientation

Entreprendre et réussir une réorientation de carrière au Québec avec l’aide d’un conseiller en orientation demeure de l’engagement et des efforts.
Cela implique d’aborder cette période de transition de carrière sans se laisser paralyser par toutes sortes de crainte, d’appréhension et de doute. Difficile. En effet, bon nombre d’individus connaissent d’abord un sentiment profond d’insatisfaction et de perte de sens dans leur emploi et leur carrière avant d’envisager une réorientation de carrière. Plusieurs d’entre eux se sentent même pris dans une espèce d’impasse de laquelle ils ne parviennent pas à sortir.  C’est alors que pour tenter de s’extraire de cet état d’impuissance qui les conduit à tourner à rond, ils sont tentés de tourner la page et d’envisager une réorientation de carrière, une reconversion professionnelle, parfois radicale.

Mais assurer une réorientation de carrière réussie au Québec, est-ce avant tout une réponse pour s’éloigner des inconforts de son ancienne vie professionnelle ?  Ne serait-ce pas plutôt pour s’approcher et concrétiser (enfin) ce qui compte vraiment pour soi dans sa carrière et son emploi ?

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La notion d’impasse de carrière

Revenons sur cette notion d’impasse, d’impasse, de carrière. Renvoyant à une forme d’abattement et traduisant une « situation qui n’offre pas d’issue favorable et qui ne mène à rien » (Dictionnaire de l’Académie française, 1992), l’impasse prend la forme d’une perturbation, d’une épreuve même.  Sur le plan professionnel, une impasse de carrière revêt de multiples visages. Par exemple, une employée rapporte stagner depuis 3 ans dans un poste de conseillère, ajoutant avoir engagé, sans succès, à la fois des démarches auprès de son employeur pour tenter de changer de poste, puis présenté plusieurs demandes d’admission à des programmes universitaires dans le but de faire un retour aux études.

Sur le plan expérientiel, l’impasse s’accompagne souvent d’un sentiment de perte de contrôle et de désespoir, ce dernier renvoyant à des attentes négatives à l’égard de soi ou du futur (Beck, Weissman, Lester et al., 1974). Les individus qui vivent une impasse de carrière adoptent souvent des attitudes de retrait et de désengagement, que ce soit à l’égard de leur emploi, de leur employeur, de leurs collègues, mais aussi à l’égard de leur entourage personnel. De surcroît, l’impasse génère de la détresse psychologique, laquelle est caractérisée notamment par des symptômes de stress, d’anxiété et de dépression (Lancry 2007; Lassare, 2005).

La souplesse psychologique, une habileté à cultiver pour réussir une réorientation de carrière au Québec

Pour sortir du piège de ce sentiment d’impasse et envisager une réorientation de carrière réussie, il est essentiel d’apprendre à apprivoiser ses peurs, ses doutes, mais aussi ses rancœurs et insatisfactions actuelles afin de ne pas se laisser dicter sa conduite par ces dernières. À cet égard, de nombreux auteurs soulignent l’importance d’apprendre à cultiver de la souplesse psychologique.  Cette dernière est définie comme la capacité à s’engager et persévérer dans des comportements et des actions qui sont orientées vers des valeurs personnelles, et cela, même sous l’influence de pensées et d’émotions inconfortables ou douloureuses (Hayes, Strosahl et Wilson, 1999; 2012).

Démontrer de la souplesse psychologique renvoie à poser des gestes qui sont significatifs pour soi plutôt que des actions conditionnées, impulsives, marquées, notamment, par l’évitement (Ciarrochi, Bilich et Godsell, 2010). Par exemple, une personne fait preuve de souplesse lorsqu’elle s’engage dans une réorientation de carrière qui passe par un retour aux études pour se rapprocher ce qui compte vraiment à ses yeux dans vie, et cela, même si elle est terrifiée à l’idée d’échouer ou de son tromper dans son choix. En d’autres termes, elle parvient à agir de manière cohérente avec ses valeurs en dépit de son inconfort et de son malaise.  Afin de s’engager dans cette voie, il convient d’être accompagné par un conseiller en orientation qui saura guider la personne dans sa véritable réorientation de carrière. À cet égard et en tant que conseiller en orientation dans les Laurentides, à Montréal et à Laval (à distance), n’hésitez pas à me contacter.

 

La difficulté du choix de carrière chez les jeunes

La difficulté du choix de carrière

A Saint-Jérôme, dans les Laurentides comme ailleurs dans la province, faire un choix de carrière ou de programme d’étude quand on sort du secondaire n’est vraiment pas simple. Toute une  panoplie de carrière est possible. En outre, de nombreux métiers sont en pleine transformation. Certaines études affirment que plus de 50% des emplois disponibles en 2030 n’existent même pas encore aujourd’hui ! Bref, bon nombre d’élèves qui sortent du secondaire (mais pas seulement), ne savent pas quelle décision prendre,  redoutant pas dessus tout de faire un mauvais choix de carrière. Dans ces conditions, ils se sentent pris dans une impasse.

Face à cette incertitude quant à leur choix d’étude ou de métier, il y  a d’un côté ceux qui veulent concentrer leurs efforts sur des programmes porteurs (par exemple, la médecine ou le droit) qui, selon eux, leur ouvriront des portes plus tard. De l’autre côté et si leurs notes scolaires sont plus basses, il y a ceux qui sont invités (par exemple par le conseiller d’orientation de leur école) à déterminer rapidement un programme d’étude plus court, un diplôme d’études professionnelles par exemple, qui les conduira rapidement sur le marché de l’emploi. Pourtant, la pénurie de main-d’œuvre au Québec est présente aussi bien pour des diplômés universitaires que pour ceux qui ont un diplôme d’études professionnelles (DEP) ou une attestation d’études collégiales en poche (AEC). Il y a donc de la place pour des profils très variés et c’est une bonne nouvelle.

 L’importance de consulter un orienteur pour faire le bon choix de carrière

Dans ce contexte, il y a donc lieu de prendre vraiment avec sérieux sa démarche d’orientation scolaire et professionnelle quand vient le moment de faire des choix qui sont importants pour son avenir. Je citais à ce titre, la fin du secondaire comme période charnière, mais cela peut aussi survenir durant des études collégiales, voire universitaires.  Nombreux sont les Québécois qui changent de métier, de carrière durant leur vie professionnelle !  D’où l’importance de faire le bon choix de métier… Celui qui nous convient et selon notre âge

Dans les Laurentides, à Saint-Jérôme, il existe de nombreuses ressources disponibles pour s’orienter dans son choix de métier et de programmes d’études. À  cet égard, les conseillers et conseillères d’orientation, les orienteurs comme on les appelle communément, sont bien placés dans ce rôle puisque leur formation de niveau universitaire et leur appartenance à un ordre professionnel leur confèrent une expertise solide ainsi qu’une certaine légitimité. En outre, ils ont une solide connaissance des métiers ainsi que du système éducatif québécois. Parmi ces orienteurs, plusieurs offrent  de la consultation à distance (téléconsultation).  À cet égard, je vous propose plusieurs services d’orientation professionnelle à Saint-Jérôme sur la rive-nord. Dans ces conditions et quel que soit votre lieu de résidence, il n’est pas nécessaire de vous déplacer pour être aidé dans votre choix de métier et de programme d’étude.

Les ressources en orientation scolaire et professionnelle

En outre, Saint-Jérôme est une ville qui offre de nombreux lieux de formation, que ce soit, par exemple, le CÉGEP qui propose un large éventail de programmes techniques et préuniversitaires ou encore le centre d’études professionnelles qui offre toute une panoplie de diplôme d’études professionnelles donnant accès à de bonnes perspectives d’emploi par la suite. Là encore, les orienteurs de ce centre de Saint-Jérôme sauront guider les étudiants dans leur choix de programmes d’études et de métier.

Vous cherchez un orienteur à Saint-Jérôme ou dans les environs  pour vous aider dans votre choix de carrière ? Contactez-moi au 438.763.2970. Je vous reçois à distance ou dans mon bureau proche de Saint-Jérôme.

 

 

Comment réussir sa reconversion professionnelle après l’épidémie de coronavirus

Face à la pandémie de la maladie à coronavirus (COVID-19), les autorités ont donné comme instructions de rester à la maison afin de limiter la propagation du virus. Ce confinement est aussi l’occasion de prendre du recul, faire le point sur votre carrière. Cette réflexion vous mènera même peut-être à une reconversion professionnelle ? Voici quelques pistes pour commencer à identifier comment réussir sa reconversion professionnelle après l’épidémie de coronavirus. 

Comment réussir sa reconversion professionnelle après l’épidémie de coronavirus

Depuis quelques décennies, les idées et les valeurs qui sont représentatives de la modernité sont remises en question : la croyance en une science qui nous rendrait enfin tous libres et heureux. Mais il apparaît qu’en ces temps douloureux et incertains de pandémie, la question de la fragilité de notre système et de nos institutions n’a jamais été aussi prégnante.

En outre, la pandémie actuelle de coronavirus laisserait-elle entrevoir la possibilité de marquer dans nos vies, un temps d’arrêt afin d’y redonner un nouveau souffle, un nouvel élan, un nouveau sens (à la suite d’une perte brutale d’emploi par exemple) par exemple dans le cadre d’un projet de réorientation de carrière ?

Vous pouvez faire d’une contrainte, une opportunité. Établir un bilan de carrière pour y découvrir et mettre de l’avant vos forces et talents peut s’avérer fort utile. En effet, nous avons tous, quel que soit notre âge, notre situation et notre expérience, un ou plusieurs domaines dans lesquels nous excellons. Le problème est que bien souvent nous passons à côté, car nous n’en avons pas vraiment conscience. Découvrir vos forces et talents commence par le fait d’apprendre à mieux vous connaître. Vous pouvez y parvenir à l’aide de certaines activités.

Activités pour faire le point sur sa carrière et rebondir

Je vous livre ici plusieurs activités que vous pouvez réaliser pour y voir plus clair et établir un plan d’action pour rebondir dans votre carrière (Psychologie positive, 2019).

  1. Dans un premier temps, retracez votre chemin de vie et de carrière, à savoir ce dont vous avez hérité, vos principales expériences, les moments charnières de votre vie ainsi que les choix essentiels que vous avez faits jusqu’à maintenant, y compris durant votre carrière.

Si l’inspiration vous fait défaut et que les idées ne vous viennent pas, l’exercice « du papier toilette » peut vous être très utile. Le principe consiste à demander à une personne proche de faire l’exercice avec vous. Il suffit de disposer devant soi une bande de papier toilette. Chaque feuille représente une année de votre vie. Il suffit alors de passer votre vie en revue en vous arrêtant sur les périodes et les moments qui représentent, à vos yeux, des périodes charnières dans vos vies, en particulier sur le plan académique et professionnel. Après avoir repassé les différentes périodes en revue, vous pouvez alors identifier les principales thématiques qui se dégagent.

Des exercices pour mettre de l’avant ses forces et talents

  1. Dans la continuité, un second exercice consiste à vous aider à identifier les 10 moments essentiels et déterminants qui vous ont conduit à faire des choix et prendre des décisions importantes dans vos vies, notamment dans les emplois que vous avez occupés.
  • Réfléchissez aux 5 figures marquantes de votre vie.
  • Nommez ensuite leurs qualités qui vous ont marqué (que ce soit un parent, un ami, en collègue, un patron).
  • Par la suite, et comme nous sommes tous le fruit d’un héritage (biologique, culturel, familial), vous pouvez sonder les talents dont vous avez hérités en identifiant, par exemple, les points forts que vous avez hérités de votre père, de votre mère.
  • Dressez la liste des activités que vous faites avec facilité et aisance (à la maison, au travail, durant les loisirs). Cela peut s’avérer fort utile !
  • Sondez ces activités qui vous procurent du « flow », c’est-à-dire une activité que vous faites (un travail, un loisir, un sport, etc.) et que vous pratiquez avec une telle intensité que vous en oubliez tout le reste, et cela, parce que vous êtes complètement immergé dans ce que vous faites. Cela peut être un menuisier concentré en train de fabriquer un meuble, un publicitaire qui réfléchit à un nouveau slogan, un joueur d’échecs qui ne pense qu’à son prochain coup.
  • Après avoir ainsi mis en lumière vos forces et talents, vous pouvez rédiger la « to do list » de votre vie en répondant à des questions telles que :
  • « Si je pouvais, je ferais… »
  • « Avant de mourir, je vais… »
  • « Plus tard, quand je regarderai en arrière, je veux… »
  • Ou encore « Si par magie il m’était possible d’effacer d’un coup de baguette magique toutes les difficultés et/ou questionnements de carrière avec lesquels je suis aux prises en ce moment, que me verrait-on faire ? ».
  • Enfin, établissez votre nouveau projet professionnel en définissant votre feuille de route. Cela représente l’aboutissement de votre réflexion. Il est alors question de mettre en place un plan d’action réaliste et très concret qui vous permet de vous fixer des buts et de les atteindre de manière progressive.

Pour terminer, le confinement et les autres conséquences engendrés par la pandémie de coronavirus entraineront des réflexions profondes sur nos vies, notre vie professionnelle en particulier. Ces réflexions aboutiront pour certains à une reconversion professionnelle. En effet, ce sera l’occasion pour certaines personnes de se découvrir des talents, des forces et d’envisager, avec l’aide d’un professionnel, de changer de métier.

Coronavirus et télétravail : l’occasion de faire le point sur une pratique en devenir ?

Le contexte actuel de crise sanitaire mondiale nous incite à modifier, au moins temporairement, notre manière de travailler et notre rapport à cette dernière. Les gouvernements prônent des pratiques de travail « à distance » afin de limiter la propagation de la pandémie de Coronavirus : voilà donc le télétravail qui fait son retour. À ce titre, le journal Les échos parle même de « révolution » des usages. De son côté, Radio Canada se demande si le Canada « pourrait fonctionner en mode télétravail ». Pourtant, une telle pratique n’est pas nouvelle. 

L’histoire du télétravail

La pratique du télétravail date du milieu des années 1990. Après une belle envolée, son utilisation est demeurée largement minoritaire. À cet égard, elle semble être encore assez marginale. En effet, le Québec compte actuellement de 5 à 8 % de télétravailleurs, ce qui en ferait tout de même l’un des taux les plus élevés dans le monde d’après Jocelyne Parisella. Par ailleurs, selon Statistique Canada, en 2008, ce sont surtout et principalement les travailleurs autonomes qui en font le plus largement usage (60 %).

Aujourd’hui, l’actualité semble vouloir accélérer cette pratique. En France par exemple, le gouvernement annonce vouloir inciter au télétravail pour tous, comme le souligne Philippe Escande dans le journal Le monde : « En théorie, le télétravail apporte flexibilité et liberté au salarié, il est plus écologique, en abolissant les déplacements, et colle au désir d’autonomie de générations converties aux réseaux sociaux de masse. On peut donc imaginer une vraie rupture dans la transformation du travail ».

Les impacts du télétravail

Le développement du télétravail induit un changement de représentation du travail. Ainsi que le souligne la sociologue Alexandra Bidet (2016), la conception du travail a évolué : « Avant, travailler c’était être présent de telle heure à telle heure sur des lieux dédiés. À l’opposé, il y a l’idée que peu importe le temps de présence, seul compte le résultat. Ça peut être une chance pour ceux qui préfèrent travailler de chez eux. Mais la question de l’expérience vécue du travail demeure la même : comment les employés vont-ils considérer qu’ils produisent effectivement quelque chose ? »

Ainsi, certains « effets pervers » semblent s’associer à une telle pratique.
En plus d’une perte de repères et de sens, on pourrait penser à une forme d’isolement induisant une distanciation des relations, avec le risque d’une désocialisation des rapports humains, mais aussi le risque d’une confusion accrue des limites entre le travail et la vie privée.

Au-delà des avantages et des inconvénients qui existent à recourir au télétravail et selon la revue systématique sur les effets du télétravail chez les gestionnaires, il existe un niveau de preuve modéré permettant d’affirmer que le télétravail améliore la satisfaction au travail. De plus, des niveaux de preuve faibles permettent d’affirmer que le télétravail améliore la performance au travail et le sentiment d’autonomie.

L’avenir du télétravail

Dans le contexte actuel de crainte et d’inquiétude face au Coronavirus, la question qui demeure n’est-elle finalement pas de savoir si nous souhaiterons retourner sagement au bureau quand l’orage pandémique sera derrière nous ?

 

Références

https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/les-bienfaits-dune-epidemie-1185850

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1662843/coronavirus-teletravail-gouvernement-canadien

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/16/coronavirus-tous-au-travail-a-la-maison_6033216_3234.html

http://www.portailrh.org/effectif/fiche.aspx?p=559349

https://www.philonomist.com/fr/entretien/le-teletravail-implique-de-redefinir-ce-qui-constitue-le-vrai-boulot

https://www.ciusss-capitalenationale.gouv.qc.ca/sites/d8/files/docs/MissionUniversitaire/ETMISSS/rapport_teletravail_2018-06-01.pdf

 

 

 

Oreka : des ateliers pour retrouver l’équilibre au travail

Oreka, c’est le nom donné à une toute nouvelle série d’ateliers de groupe élaborés par le GRIPA (Groupe de recherche et d’intervention sur la présence attentive) et offerts à l’Université du Québec à Montréal et qui sont destinés aux individus qui ont l’impression de se trouver dans une impasse, que ce soit face à leur recherche d’emploi, à l’égard de l’emploi qu’ils occupent actuellement ou vis-à-vis de leurs études.

Le but de ces ateliers est de vous aider à développer un rapport différent à la situation difficile que vous vivez et à construire un projet professionnel unique, stimulant et mobilisant.  Ces ateliers aident les personnes à s’engager plus sereinement dans leur projet de réorientation de carrière. 

Pour en connaître davantage sur ces ateliers ou pour vous y inscrire, nous vous invitons à vous rendre à l’adresse suivante : oreka.uqam.ca

Sortir de l’illusion du contrôle pour redonner du sens à notre vie professionnelle

Donner du sens à une réorientation de carrière

Alors que le désir de contrôle du résultat de nos actions semble être  un besoin fondamental (Dubois, 1987) dans la mesure ou il nous contribue à nous permettre de donner un sens à notre vie, une littérature foisonnante témoigne de notre volonté quasi absolue à vouloir ainsi contrôler et gérer le monde qui nous entoure (Giddens, 1991).

L’importance du sentiment de contrôle sur sa vie

En fait, il semble être autant question du besoin de contrôle effectif que du sentiment de contrôle (Dubois, 1987), Wallston et al., (1989) précisant qu’il est tout aussi important de se savoir capable de trouver les réponses adaptées pour contrôler une situation (par exemple lors de difficultés relationnelles au travail) que d’avoir à y recourir réellement. Il est alors question du « contrôle perçu » (Lazarus et Folkman, 1987),  lequel renvoie à la croyance que grâce à nos capacités et nos actions, il est possible de définir notre propre comportement, d’influencer son environnement et cela de manière à provoquer le résultat attendu  (Rascle et Irachabal, 2001). Waouh, de vrais « super pouvoirs » en somme !

Bien que le contrôle perçu  apparaît avoir une influence positive sur la vision que les individus entretiennent à l’égard de leur vie (Heo, Pressler et al., 2015) et sur les efforts qu’ils sont prêts à consentir pour faire face à des difficultés et à résoudre des problèmes, par exemple sur le plan professionnel (Glavin et Schieman, 2014), à l’inverse, il apparaît clairement que le fait de se savoir incapable de contrôler le résultat de ses actions ou de croire en la possibilité d’y parvenir, mène à vivre de l’anxiété, de la détresse psychologique et à développer des problèmes de santé psychologique (Overmier et Seligman, 1967; Courty, Bouisson et  Compagnone, 2004).

Face à des difficultés professionnelles, la perte ou la privation de contrôle qui peut être ressentie, s’accompagner bien souvent d’un sentiment d’impuissance et de désespoir (Lhuillier, 2006; Peterson, Maier et Seligman, 1993). Ce état entrave grandement la disposition d’une personne à effectuer sereinement une réorientation de carrière.

Dans un tel contexte et cherchant instinctivement à nous tenir alors le plus loin possible de tels ressentis, nous tentons avant tout de restaurer notre besoin de contrôle (Dubois, 1987).

Pour y parvenir, nous sommes alors tentés de surévaluer nos possibilités de maîtrise sur notre environnement, refusant en particulier d’admettre que des facteurs qui nous apparaissent comme incontrôlables puissent expliquer ce qui nous arrive dans notre vie professionnelle (Dubois et Leyens 1994).  À ce titre, plusieurs auteurs soulignent d’ailleurs que nous entretenons une forme d’illusion (Langer, 1975) quant au pouvoir, exagéré, que nous imaginons avoir sur notre environnement, mais aussi sur les comportements que nous adoptons  pour maîtriser à nouveau le résultat de nos actions (Dubois, 1987).

Cette tentation à nous surestimer ainsi ne s’arrête pas là puisqu’il semble que nous l’élargissions aussi à nos propres ressentis intérieurs (nos pensées et émotions pénibles) que nous sommes susceptibles de vivre sous l’impulsion de nos difficultés professionnelles.

Pourtant, de nombreuses études soulignent en quoi les tentatives de contrôle des pensées et des émotions s’avèrent être à la fois inefficaces (Wenzlaff, Werner et Roper, 1988), et contre-productives pour l’individu (Borton, Markowitz et Dieterich, 2005).

À cet égard, il est question d’effet paradoxal du contrôle des pensées et des émotions et de son impact négatif sur le plan psychologique (Wilson et Murrell, 2004) : plus les tentatives de suppression de celles-ci sont nombreuses, plus leur fréquence d’apparition et leur intensité risquent d’augmenter (Monestès, Villatte et Loas, 2009 ).

Dans ce contexte, il y aurait peut-être lieu, lorsque nous ressentons une certaine douleur psychologique associée à nos difficultés professionnelles, de prendre d’abord conscience de l’existence puis de l’inefficacité de nos tentatives pour le contrôle de nos pensées et de nos émotions et l’impact de ces dernières sur notre capacité à pouvoir résoudre nos problèmes.

Pour y parvenir, il est d’abord question d’apprendre à adopter une position d’acceptation, qui ne consiste non pas en en attitude passive et de résignation telle que ce mot pourrait le laisser entendre, mais bien davantage comme une position d’ouverture  qui se veut bienveillante et non jugeante (Hayes, Strosahl et Wilson 2012) à l’égard  de tout ce que nous vivons  et ressentons  et sans chercher à lutter, contrôler, combattre, fuir ou éviter (Neveu, Dionne, 2009).

Peut-être le fait « d’accepter plutôt que lutter, d’observer avec distance plutôt que croire nos pensées difficiles est plus efficace que de tenter de s’en débarrasser » (Monestès, Villatte, 2011, p.2) pour nous aider à nous approcher davantage d’une vie professionnelle riche et pleine de sens.

Nos tentatives pour sortir de notre insatisfaction professionnelle pourraient bien contribuer à nous maintenir dans nos difficultés

Lorsque notre emploi nous ennuie, soit par un appauvrissement de nos tâches, soit par manque de défis, de visibilité ou de perspectives, il est naturel que nous cherchions à  nous y adapter par un accroissement de nos moyens d’y faire face.

Nous pouvons alors être enclins à  aborder notre difficulté en adoptant une perspective basée sur de la résolution de problème et en ayant recours à  de la recherche d’informations et à  de l’élaboration de plans d’action, ce qui nous procure le sentiment réconfortant de ne pas nous laisser abattre, tandis que nous nous activons fermement pour tenter de reprendre la situation en main.

Cependant et alors que nous dépensons beaucoup d’énergie et parfois d’argent en consultant, par exemple, des professionnels de la carrière et de l’orientation, il n’est pas évident que tant d’effort soient réellement guidés par une volonté sincère à  vouloir redonner du sens et de l’engagement à  notre vie professionnelle.  En effet, il est tout autant possible qu’une fois nos scénarios de sortie de crise établis, nous ne passions pas à l’action, préférant finalement l’inconfort du statu quo au risque du changement et tandis que ce dernier s’accompagne inévitablement de son lot d’inquiétude, de doute, d’incertitudes quant aux décisions que nous prendrions alors.

C’est donc comme si quelque chose de profond et d’intime nous retenait de faire le saut, alors même que, par ailleurs, nous avons pu nous définir des options alternatives réalistes, réalisables et qui nous intéressent réellement (par exemple le fait d’envisager un retour aux études afin de se réorienter).

Bien entendu, bien des raisons nous ramènent à  notre réalité et limitent « objectivement » notre capacité à  mettre en oeuvre notre plan d’action (par exemple un prêt hypothécaire à  honorer, des frais de scolarité pour nos enfants à régler, des projets de rénovations ou de vacances déjà budgétés, etc.)

Dans ce contexte, il est alors fort possible que nous demeurions là ou nous sommes, coincés dans un emploi et des actions que nous faisons (par exemple, rechercher à  nouveau de l’aide auprès d’un conseiller d’orientation, continuer de regarder sur internet des programmes de cours en ligne, lire des livres portant sur la croissance personnelle, etc.) et dont l’utilité consiste surtout à  nous éloigner de la souffrance et l’inconfort que notre situation d’insatisfaction professionnelle fait vivre en nous.

Pourtant cet inconfort, s’il s’installe durablement dans notre esprit, peut s’accompagner de sentiment de frustration, d’agacement, de colère, puis de découragement, de désespoir, voire d’apathie.  Rien de très agréable ni supportable à  long terme.

Néanmoins, nous avons la peau dure et sommes souvent capables de tolérer ces « douleurs du quotidien » au travail parce que notre peur de l’inconnu est si aversive (c’est-à -dire repoussante) que nous en venons à considérer que nous n’avons pas le choix de rester immobile (ce qui le cas est dans bien des situations) ou parce que nous nous nous jugeons incompétents et incapables de prendre des décisions qui marqueraient pourtant enfin la rupture tant espérée. Là  encore, nous nous sentons coincés, enfermés dans notre esprit, alors que celui-ci apporte à  notre vision des choses un regard appauvri, rétréci, voire déformés.

En outre et si occupés que nous sommes à  lutter, en notre fort intérieur, contre les pensées et les émotions qui portent régulièrement à  notre moral des coups blessants et douloureux, tandis que nous cherchons alors et par toute sorte d’actions à  fuir et à éviter ces dernières, là  encore, nous nous sentons coincés.

Et si nous commencions par regarder les choses un peu moins avec notre esprit et juste un peu plus avec notre corps ? Que nous dirait-il ? Quelle forme, quelle couleur, quelle texture prendrait alors notre inconfort, notre douleur (Schoendorff, Grand, Bolduc, 2011), notre insatisfaction professionnelle ? Ou sentirions-nous cette dernière à l’intérieur de nous ?.

Drôles de questionnements auxquels nous ne sommes guères habitués.

Maintenant. Et si au lieu de continuer à  lutter contre les vagues de nos ressentis intérieurs douloureux occasionnés par notre situation d’insatisfaction et qui nous conduisent à  risquer de boire la tasse, voire de nous noyer, nous apprenions plutôt à  surfer ? En effet et ainsi que le soulignent Polk, Schoendorff, Webster et Olaz (2016), quand nous sommes sur une planche de surf, nous n’avons plus besoin de chercher à  retenir les vagues ou de les fuir. Non seulement nous ne sommes plus emportés à  la dérive par ces dernières, mais nous pouvons choisir de glisser dessus pour choisir à  nouveau notre direction de vie professionnelle et nous y engager. Intéressante perspective pour apprendre à  surmonter notre peur et à« oser le changement ».

Quant aux vagues, en hiver au Québec, elles risquent fort d’être figées, mais cela, c’est une autre histoire…

 

 

 

Le piège du choix de l’évitement pour tenter de gérer le stress qui accompagne une situation d’indécision de carrière

En orientation professionnelle,l’indécision représente un inépuisable thème de recherches et de publications.

Dans une acceptation générale et tandis qu’elle traduit « l’incapacité d’une personne à  exprimer un choix quand elle est incitée à le faire » (Forer, 2007, p.214), cette dernière peut traduire un état particulièrement déconcertant, frustrant et douloureux à  vivre.

Considérée à l’origine comme une forme d’inadaptation sur le plan personnel et teintée alors très négativement, l’indécision a même été associée à des troubles d’ordre psychologique (Forner et Dosnon, 1991 ; Dosnon, 1996). De manière très schématique, l’indécision traduisait au départ un trait de personnalité, puis a constitué une étape dans le développement de la vie et, depuis plus récemment,  traduit un état de dysfonctionnement chez l’individu, notamment au niveau de la manière dont il traite les informations avant de prendre une décision, de faire un choix (Forer, 2007), en l’occurrence un choix de carrière.

Maintenant l’évitement.

Face à un évènement stressant comme peut l’être une prise de décision (par exemple lors d’un choix de programme d’études devant être fait à la fin du secondaire, durant le Cegep, à  l’université ou un choix de métier durant un processus de rencontre en orientation), il apparaît que le stress alors vécu découle de l’évaluation que l’individu fait, de la situation et de ses propres capacités à  pouvoir y faire face adéquatement. C’est à la suite de cette évaluation qu’il met alors en place des moyens de s’adapter.

Centré sur les stratégies d’adaptation fondées sur l’émotion , l’évitement consiste alors à l’aider à gérer la tension  qui découle de la situation elle-même (« il faut que je fasse un choix et je ne parviens pas à savoir lequel »). L’évitement peut se traduire alors par  le fait de se détourner volontairement du problème, mais aussi par un évitement plus indirect (sommeil, l’alcool, drogues, etc).

Bien que de très nombreuses recherches soulignent en quoi l’évitement s’avère être une stratégie novice pour l’individu (favorisant l’anxiété et la dépression notamment), il apparaît pourtant être l’un des stratégies d’adaptation les plus communes et cela parce qu’il soulage temporairement. Plus largement et alors que l’évitement traduit un désir de reprendre en fait le contrôle sur la situation d’indécision qui est stressante, il semble que ce soit ce principe même du contrôle qui pose problème.
En effet, un tel principe, qui guide les stratégies d’adaptation, inciterait l’individu à évaluer ses pensées et ses émotions inconfortables au moment ou celles-ci surgissent, le à essayer des les éliminer en exerçant sur elles un contrôle (par exemple via l’évitement).

Pourtant, il paraît bien délicat, voire hasardeux de chercher ainsi à vouloir gérer ses propres ressentis intérieurs et comportements pour faire face à une situation aussi aversive et stressante telle que peut l’être un état d’indécision vocationnel. Est-ce même tout simplement possible ?
N’y aurait-il alors pas lieu de voir les choses autrement ?

Dans la continuité des approches basées sur la méditation de la pleine conscience, le modèle de l’acceptation et de l’engagement considère, à l’inverse, que le contrôle face aux situations stressantes n’est pas la solution mais bien ce qui pose problème !

En effet, c’est en cherchant à contrôler les ressentis intérieurs négatifs qui découlent d’une situation stressante ((par exemple « je suis nul, je ne parviens même pas à savoir ce que je veux ») que précisément le risque s’accroît de nourrir ainsi ces ressentis et les voir ainsi se développer en soi, les conduisant alors à exercer une influence sur les agissements et les comportements qui s’en suivent (notamment d’évitement).

Avec l’approche d’acceptation et d’engagement, il est question non plus d’éviter mais, au contraire, d’accueillir de manière ouverte, non résignée, attentive et bienveillante les ressentis négatifs qui se trament derrière cet évitement (par exemple la peine et la culpabilité) et à travers la pratique méditative elle-même. L’enjeu dans cette pratique est alors de faire suffisamment de place en soi pour accueillir ces ressentis et de manière à instaurer progressivement une distance entre ceux-ci et les comportements « conditionnés  » qui peuvent alors en découler.

Vaste projet, aisé à nommer, fort complexe à vivre mais qui vaut, à coup sûr, la peine d’être essayé…

Quand l’attachement à notre esprit nous empêche de faire ce qui compte pour soi sur le plan de la carrière

On le sait bien tous fort bien, notre esprit se comporte fréquemment (pour ne pas dire toujours) comme une machine spatio-temporelle qui n’a de cesse de nous projeter soit dans le passé (ce qui occasionne alors souvent des pensées teintées de regrets et d’amertume) ou bien dans le futur, nous conduisant alors parfois à des anticipations et des scénarios excessifs. Pourtant, d’un point de vue strictement logique, le passé n’est déjà plus tandis que le futur n’existe pas encore. Nous en sommes tous témoins, seul le présent immédiat compte puisqu’il est bien le seul à nous être directement perceptible et accessible.

L’attachement à cet esprit tournoyant et infidèle fait référence à la manière presque irrépressible avec laquelle nous nous collons et fusionnons avec nos pensées et nos émotions de telles sortes que nous ne parvenons plus à les mettre suffisamment à distance, le risque étant alors que nous finissions par croire qu’elles sont bien le reflet de notre réalité. Consécutivement et lorsqu’une situation nous amène à vivre et ressentir des pensées et des affects douloureux (le stress, l’inquiétude, la culpabilité, etc.), nos comportements sont alors largement influencés par ces derniers. Nous ne sommes plus vraiment les maîtres à bord en fin de compte !

Nous devenons tellement enlisés par les pensées incessantes produites par notre esprit que celui-ci nous enferme progressivement dans une vision rétrécie du monde et de nos possibilités, nous éloignant ainsi progressivement de l’expérience directe que nous pouvons faire des choses à travers nos 5 sens. En un mot, la fusion peut donc se définir comme étant « la domination de l’expérience mentale sur l’expérience directement accessible par les sens » (Schoendorff et al., 2012). Le risque pour soi étant alors de ne plus parvenir à distinguer notre personne en tant quel telle des histoires que notre esprit nous raconte sans cesse sur nous-même ou à propos d’autrui ! On pourrait alors dire que nous nous « auto-dupons » bien malgré nous !

À celles et ceux qui lisent ce texte, je propose l’exercice suivant (Harris, 2012) : imaginez un instant que vos mains sont comme vos pensées. Joignez-les à présent, paumes ouvertes, comme si elles étaient les pages d’un livre ouvert. Levez-les doucement en direction de votre visage. Faites-le jusqu’à ce qu’elles recouvrent vos yeux. Ensuite, prenez quelques instants pour regarder le monde autour de vous à travers l’espace qu’il y a entre vos doigts et remarquez comme cela affecte directement votre capacité à voir ce dernier. 

Maintenant, imaginez. Imaginez à quoi ressembleraient vos journées si vous deviez les passer avec vos mains ainsi placées devant vos yeux ? Il est évident que cela limiterait considérablement votre expérience du monde, des autres et votre capacité, en orientation professionnelle, à faire des choix éclairés de carrière par exemple, n’est-ce pas ?

Être attaché et fusionné à notre esprit n’est rien d’autre que cela. Un appauvrissement de notre habileté à être dans le monde, en prise directe avec lui, dans l’expérience directe et immédiate de celui-ci et à travers nos 5 sens. À l’inverse si vous baissez progressivement les mains de vos yeux, vous constatez alors immédiatement à quel point des choses apparaissent plus clairement à votre regard et comme il devient infiniment plus aisé de vous reconnecter au monde extérieur. En un sens, vous sortez de votre tête pour entrer dans le monde qui vous environne (Harris, 2012). Pour reprendre le terme utilisé tantôt, vous « défusionnez »…

Cette défusion consiste donc à apprendre à entretenir une relation plus souple et distanciée vis-à-vis de ce que notre esprit produit en permanence, non pas en cherchant à en changer le contenu, mais bien en modifiant la relation que nous entretenons à de telles productions et auxquelles nous accordons une importance démesurée.

Voici un autre exemple, très simple et qui s’inscrit dans la continuité du précédent pour commencer à apprendre à se libérer de la fusion (Harris,  2013). Écrivez deux ou trois pensées dérangeantes, inconfortables, stressantes et que vous constatez être assez fréquentes, voire récurrentes, sur une feuille de papier ou à l’ordinateur. Tenez la feuille devant vous et laissez ces pensées difficiles vous absorber pendant quelques instants. Fermez à présent les yeux et prenez le temps de vraiment ressentir dans votre corps l’impact de ces pensées difficiles. Respirez avec la « souffrance » qu’elle vous occasionnent peut-être. Offrez-leur une place pour être ce qu’elles sont, des pensées, c’est-à-dire de simples constructions de votre esprit. Observez les de l’intérieur aller et venir.

À présent, ouvrez les yeux et placez lentement la feuille sur vos genoux. Prenez soin de remarquer que vous êtes à nouveau davantage disponible pour voir, entendre, toucher, sentir. Là encore, vous venez tout simplement de « défusionner », pourtant ces pensées n’ont pas du tout disparu, elles sont bien là, présentes, vous les avez ressenties, mais les avez progressivement mises à une distance plus grande de vous-même afin de retrouver la capacité de vivre et de ressentir le monde qui vous environne. Vous êtes à présent davantage capable de faire des choix, de prendre des décisions, d’avancer en direction de ce qui est important pour vous (par exemple sur le plan de votre carrière) et cela même en présence de ces pensées et ressentis douloureux dont vous n’avez pas le contrôle.

Regards croisés d’immigrants sur la recherche d’emploi et le marché du travail au Québec

Dans la continuité de mon précédent billet qui portait sur la recherche d’emploi au Canada depuis la France, je souhaitais, ici, interroger autour de moi des Français installés depuis plusieurs années au Québec et bien insérés sur le plan professionnel, afin de recueillir notamment leur vision du marché du travail québécois et en particulier par rapport à la recherche d’emploi pour un français dans la belle province (cela pouvant s’étendre d’ailleurs à tout nouvel arrivant). C’est chose faite !http://www.orientation-quebec.com/comment-trouver-emploi-quebec-en-france/

Sans reprendre les arguments déjà exposés, il apparaît que les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir vivre et travailler au Canada et au Québec en particulier. L’histoire, la culture et les relations économiques entre les deux territoires y sont bien évidemment pour quelque chose. Tandis que j’ai déjà pu évoquer plus en détail les deux premiers points, le 3E mériterait souligné, tant les stratégies déployées par le Québec pour séduire toujours plus de travailleurs qualifiés en provenance de la France sont nombreuses. À cet égard, il est possible de citer, par exemple, le salon annuel de l’emploi organisé à Paris par la délégation générale du Québec et qui pour vocation de présenter aux visiteurs les entreprises québécoises prêtes à recruter les travailleurs qualifiés et candidats à l’expatriation.

En effet, on constate, d’un côté, une proportion croissante de la main-d’œuvre immigrante à être qualifiée et de l’autre, une tendance durable chez ces mêmes immigrants à occuper des emplois sous-qualifiés, alors même que le contexte de vieillissement de la population et de pénurie de la main-d’œuvre qualifiée au Québec est bien réel ! Dans ces conditions, la question de l’insertion et du maintien durable en emploi chez les immigrants revêt une importance stratégique pour la province. C’est d’autant plus le cas que le Québec est soumis à une concurrence particulière, celle du reste du Canada qui, ainsi que le rapportent Piché, Renaud et Gingras (2002), exerce une « attractivité pour des raisons économiques et linguistiques, tant sur les étrangers qui envisagent de migrer au Canada que sur ceux qui sont déjà entrés au Québec » (p.1).  En résumé, nombreux sont les travailleurs qui passent par le Québec pour ensuite rechercher un emploi dans le reste du Canada.

Je vous livre donc ici les éléments rapportés par ces Français (et que je remercie encore chaleureusement) en réponse aux questions que je leur avais alors posées.


Depuis combien de temps êtes-vous installé au Québec ?

Romain : « Je suis installé depuis près de 6 ans à Montréal. Je suis Résident permanent depuis 2 ans et je suis passé par à peu près tous les permis de travail temporaires : PVT (1 an à l’époque), jeune professionnel, 2 permis temporaires ‘’classiques’’».

Véronique : « Bientôt 15 ans ».

Katia : « Depuis 2002, sous visa de travail. J’ai obtenu la résidence permanente en 2008 et la nationalité canadienne en 2014 ».

Dans quel domaine travaillez-vous actuellement ?

Romain : « Je travaille en tant que recruteur informatique dans une importante firme montréalaise de +1000 employés à Montréal et 3000 au Canada. J’ai toujours travaillé dans le recrutement et cela depuis 8 ans maintenant, d’abord dans le secteur de l’ingénierie en bâtiment puis ensuite dans le jeu vidéo et l’informatique ».

Véronique : « La philanthropie ».

Katia : « Je suis conseillère d’orientation. Je travaille dans un organisme communautaire, dans un programme d’accompagnement à la recherche d’emploi pour des immigrants, ce qui me permet de les aider à clarifier leur projet professionnel et de leur donner des stratégies de recherche d’emploi adaptées au marché du travail québécois. Je travaille également en pratique privée pour accompagner des personnes en questionnement sur leur carrière ».

Quelles ont été les raisons principales qui vous ont poussées à venir vivre et travailler au Québec ?

Romain : « A la fin de mon V.I.E d’un an au Moyen-Orient– mon premier emploi –  je ressentais le besoin de travailler dans un autre pays évoquant la verdure, les ‘’grands espaces’’ donc une certaine qualité de vie. Le Canada a tout de suite été une évidence pour moi sans que je n’y sois jamais allé. Une fois mon permis vacances travail (PVT) délivré par le gouvernement du Québec en poche et même si je continuais de travailler pour la même société à Paris – mon choix pour Montréal était déjà solidement ancré».

Véronique : « l’aventure et le dépaysement ».

Katia : « Je suis venue à Montréal grâce à une opportunité de travail. Je souhaitais vivre à l’étranger, pour connaître d’autres façons de travailler. Le fait de m’installer dans une province francophone était rassurant pour une première expérience de vie à l’étranger ! Il s’agissait d’un contrat de 3 ans qui s’est finalement prolongé 6 ans. Pendant que je travaillais comme secrétaire, j’ai suivi des cours le soir à l’université, en gestion des ressources humaines. J’ai ensuite complété un baccalauréat en développement de carrière et une maîtrise en orientation pour me permettre de devenir conseillère d’orientation».

Avant votre arrivée, aviez-vous préparé votre recherche d’emploi depuis la France ?  Si oui, qu’aviez-vous alors entrepris comme démarche et pour quels résultats ?

Romain : « Bien sûr, j’avais commencé ma recherche d’emploi au Québec depuis la France. Pourtant, répondre aux annonces d’emploi depuis la France était très tentant, mais j’ai vite compris que plus de 2 mois avant mon arrivée sur place et même avec un le permis de travail – le PVT, les chances de réponses étaient compromises…j’ai donc optimisé les contacts Linkedin jusque 2 mois avant mon arrivée, en tentant d’avoir minimalement 2 échanges avec les recruteurs des entreprises qui m’intéressaient le plus. Il faut véritablement capitaliser sur son réseau Linkedin – Viadeo est quasi inconnu ici – pour se créer des relations en amont de son arrivée au Canada. Finalement, moi qui suis recruteur – cela m’a quand même pris 2 mois une fois sur place pour trouver mon premier emploi ».

Véronique : « Pour ma part, aucune préparation, je voulais qu’il s’agisse d’une expérience complète (aventure) et je n’avais aucun doute de trouver très rapidement du travail étant donné le peu d’informations que j’avais obtenues avant le départ ».

Katia : «Étant donné que j’avais un contrat de travail avant mon départ, je n’ai pas entrepris de démarches de recherche d’emploi. J’ai juste lu des guides d’information sur la vie au Québec ».

Que pensez-vous du fait d’entreprendre sa recherche d’emploi depuis la France et avant même son arrivée au Québec ?

Romain : « Comme je l’ai expliqué et au risque de paraître un petit pessimiste, il ne sert à rien de répondre à des offres d’emploi plusieurs mois avant son arrivée au Québec si on n’a pas déjà un permis de travail (ou un visa de résident permanent) au moment où on postule. Je ferais seulement une exception pour certains développeurs informatiques, mais aussi les techniciens en soudure ou en métallurgie par exemple. Par contre, ajouter des recruteurs ou des managers et leur écrire sur Linkedin n’est jamais une perte de temps ! De plus et par mon expérience d’ancien candidat, les managers québécois répondent bien plus souvent sur Linkedin que ne le font leurs équivalents français ». ».

Véronique : « C’est une bonne idée. Cela permet de mieux réussir son intégration et sa nouvelle carrière, d’avoir une véritable idée de la réalité ».

Katia : « Je suis convaincue que c’est indispensable de commencer à rechercher un emploi au Québec depuis la France, car je constate une grande différence chez les personnes que j’accompagne. Celles qui ont fait des démarches, comme des séjours exploratoires, et des recherches d’information avant d’entreprendre le processus d’immigration au Québec arrivent avec une longueur d’avance et éprouvent moins de déceptions et de frustrations face aux obstacles qui peuvent intervenir dans leur intégration socioprofessionnelle. Les nouvelles technologies permettent d’obtenir beaucoup d’informations à distance, encore faut-il pouvoir différencier l’information pertinente pour soi, c’est souvent un enjeu important que rencontrent les personnes qui arrivent au Québec, car elles sont soumises à ce que l’on peut nommer comme de l’infobésité. Être accompagné par un professionnel de la carrière ici aide à faire la part des choses ».

Comment décririez-vous le marché du travail québécois ?

Romain : « en un mot : flexible ! Avec les bons et les mauvais côtés. Les bons ? Si on perd son travail, et qu’on a de bonnes qualifications, on peut très vite retrouver du travail. Le Mauvais ? On peut se faire ‘’remercier’’ très vite, sans avoir rien vu venir ».

Véronique : « je crois qu’il existe de réelles opportunités d’emploi au Québec, cependant il faut accepter une certaine remise en question et parfois repartir au tout début d’une nouvelle carrière (persévérer et accepter de commencer à des niveaux de salaire bien inférieurs) ».

Katia : « Dynamique, avec une législation du travail souple qui favorise les embauches, mais qui permet aussi de licencier assez facilement un employé qui ne répond pas aux attentes. Cela offre des opportunités aux chercheurs d’emploi, mais il faut savoir que le marché du travail favorise de plus en plus des emplois précaires et à temps partiel. Même si le taux de chômage est plus bas au Québec qu’en France, ce n’est pas l’eldorado non plus ! Il existe des obstacles à la reconnaissance des diplômes et des expériences acquis à l’étranger. De plus, les employeurs ne sont pas toujours ouverts à l’accueil de professionnels étrangers, par peur que ces personnes ne s’intègrent pas rapidement dans l’équipe en place, qu’elles ne travaillent pas selon les façons « locales » et qu’elles ne s’installent pas à long terme au Québec. Il est également important de maîtriser le français pour travailler, mais aussi l’anglais, car même si le Québec est une province francophone, Montréal est une ville multiculturelle et les employeurs exigent souvent un bon niveau d’anglais ».

En quoi diffère-t-il essentiellement du marché du travail en France selon vous ?

Romain : « le marché du travail français est plutôt protecteur pour les salariés (ce qui est très bien), mais aussi beaucoup plus rigide qu’au Québec. Les gens ici se font plus confiance, moins d’écrits, moins de lois du travail. Le climat est à la confiance, beaucoup moins anxiogène».

Véronique : «Ma comparaison est plutôt avec le marché du travail dans les DOM qui reste très pauvre, offre peu d’opportunités d’emploi et de progression, et demeure très basé sur la hiérarchie».

Katia : «Ce sont surtout les stratégies de recherche d’emploi  qui diffèrent et l’approche à utiliser pour contacter les employeurs. Il est important de construire un réseau professionnel qui permet d’obtenir de l’information sur les opportunités d’emploi. Les employeurs s’attendent aussi à ce que les candidats puissent parler de leurs qualités personnelles et de leurs réalisations, pour se démarquer des autres candidats, ce qui n’est pas toujours dans nos habitudes. Ce qui compte surtout pour les employeurs, ce sont les compétences professionnelles et les qualités personnelles du candidat, moins les diplômes».

 Comment qualifieriez-vous votre parcours professionnel ici au Québec ?

Romain : « Wôw quelle question difficile à répondre ! Je dirais varié tout en étant cohérent 😉 ».

Véronique : « Pour ma part, je dirais éclectique. J’ai recommencé presque à zéro, mais j’ai aussi beaucoup appris et c’est aussi très enrichissant de côtoyer des collègues qui viennent de toutes origines ».

Katia : « Mon parcours a été facilité par le fait d’avoir un contrat de travail à mon arrivée, ce qui m’a permis de me familiariser avec la culture sans connaître l’urgence de trouver un emploi. Le fait de maîtriser le français est également un grand atout. J’ai beaucoup apprécié de pouvoir reprendre des études en cours du soir, ce que je n’aurais pas pu accomplir en France, et c’est ce qui m’a permis de me réaliser professionnellement. La réorientation de carrière est très courante et facilitée par le système éducatif adapté aux adultes qui reprennent des études, même s’il n’est pas toujours nécessaire pour les immigrants d’obtenir un diplôme ici pour réussir sa carrière».

Quels conseils donneriez-vous à un français qui projette de venir travailler au Québec ?

Romain : « Je dirais : 1) venir visiter le Québec en été et si possible en hiver avant, 2) faire relativement profil bas à son arrivée … et d’abord écouter, parler ensuite : ici c’est le français l’étranger (même si on est ‘’cousins’’) ».

Véronique : « Consulter les sites de recherches d’emploi pour apprendre comment travailler au Canada, cela permet d’avoir une idée des postes, des salaires, des acteurs, échanger avec un maximum de personnes déjà sur place, quel que soit leur niveau de poste».

Katia : «De s’informer sur la profession que l’on souhaite exercer ici, en venant notamment faire un ou plusieurs séjours exploratoires, si possible à différentes saisons pour se familiariser avec le climat ! Il est important de savoir si la profession que l’on souhaite exercer est régie par un ordre professionnel, car cela nécessitera alors des démarches, parfois longues et coûteuses. Ces démarches peuvent être amorcées à distance ».

 Quelles démarches de recherche d’emploi lui conseillerez-vous de faire depuis la France et avant son arrivée au Québec ?

 Romain : « Linkedin, Linkedin et encore… Linkedin jusque 2 mois avant son arrivée au Québec. Et sinon connaître sur le bout des doigts les possibilités de permis de travail (PVT, Jeune Professionnel…entré express, Résident permanent…), les permis ouverts pour les conjoints…. Sauf si vous êtes développeur ou technicien en métallurgie ou vous pouvez espérer qu’une entreprise fasse les démarches de permis de travail».

 Véronique : « Se renseigner sur les secteurs/domaines d’activités qui l’intéressent, se renseigner sur le marché caché, développer et entretenir son réseau. Se faire une idée des organisations, des façons de travailler et d’interagir, garder une grande ouverture d’esprit. Oser demander les niveaux de salaire pour se faire une véritable idée et avoir une grande ouverture d’esprit».

 Katia : «D’amorcer la construction d’un réseau professionnel, en utilisant les réseaux sociaux, notamment LinkedIn pour être en contact avec des professionnels du secteur d’activité dans lequel on souhaite trouver un emploi ».

Quelles démarches lui conseillerez-vous de faire une fois sur place ?

 Romain : « Réseautez ! checkez les événements de type 7 à 7 en fonction de votre profil, mais aussi de vos intérêts. Faites-vous des alertes courriel d’offres d’emploi pour les entreprises qui vous intéressent ! (Indeed, mais aussi directement sur les sites Carrières) ».

 Véronique : «Aller rencontrer les entreprises, les personnes qui travaillent dans les domaines recherchés, faire preuve d’humilité pour éviter l’attitude souvent reprochée aux Français. Rester ouvert à ce que peuvent vous apprendre les autres. Faire du bénévolat. Retourner faire des cours d’appoint à l’université, même si on possède des équivalences de diplômes. Cela aidera toujours à développer un réseau ».

 Katia : « De prendre contact avec un conseiller d’orientation qui connaît la réalité des personnes immigrantes et qui a une bonne connaissance du marché du travail.  Cela permet de gagner un temps précieux et d’obtenir rapidement l’information pertinente pour favoriser son intégration socioprofessionnelle ».

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