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Quand l’attachement à notre esprit nous empêche de faire ce qui compte pour soi sur le plan de la carrière

On le sait bien tous fort bien, notre esprit se comporte fréquemment (pour ne pas dire toujours) comme une machine spatio-temporelle qui n’a de cesse de nous projeter soit dans le passé (ce qui occasionne alors souvent des pensées teintées de regrets et d’amertume) ou bien dans le futur, nous conduisant alors parfois à des anticipations et des scénarios excessifs. Pourtant, d’un point de vue strictement logique, le passé n’est déjà plus tandis que le futur n’existe pas encore. Nous en sommes tous témoins, seul le présent immédiat compte puisqu’il est bien le seul à nous être directement perceptible et accessible.

L’attachement à cet esprit tournoyant et infidèle fait référence à la manière presque irrépressible avec laquelle nous nous collons et fusionnons avec nos pensées et nos émotions de telles sortes que nous ne parvenons plus à les mettre suffisamment à distance, le risque étant alors que nous finissions par croire qu’elles sont bien le reflet de notre réalité. Consécutivement et lorsqu’une situation nous amène à vivre et ressentir des pensées et des affects douloureux (le stress, l’inquiétude, la culpabilité, etc.), nos comportements sont alors largement influencés par ces derniers. Nous ne sommes plus vraiment les maîtres à bord en fin de compte !

Nous devenons tellement enlisés par les pensées incessantes produites par notre esprit que celui-ci nous enferme progressivement dans une vision rétrécie du monde et de nos possibilités, nous éloignant ainsi progressivement de l’expérience directe que nous pouvons faire des choses à travers nos 5 sens. En un mot, la fusion peut donc se définir comme étant « la domination de l’expérience mentale sur l’expérience directement accessible par les sens » (Schoendorff et al., 2012). Le risque pour soi étant alors de ne plus parvenir à distinguer notre personne en tant quel telle des histoires que notre esprit nous raconte sans cesse sur nous-même ou à propos d’autrui ! On pourrait alors dire que nous nous « auto-dupons » bien malgré nous !

À celles et ceux qui lisent ce texte, je propose l’exercice suivant (Harris, 2012) : imaginez un instant que vos mains sont comme vos pensées. Joignez-les à présent, paumes ouvertes, comme si elles étaient les pages d’un livre ouvert. Levez-les doucement en direction de votre visage. Faites-le jusqu’à ce qu’elles recouvrent vos yeux. Ensuite, prenez quelques instants pour regarder le monde autour de vous à travers l’espace qu’il y a entre vos doigts et remarquez comme cela affecte directement votre capacité à voir ce dernier. 

Maintenant, imaginez. Imaginez à quoi ressembleraient vos journées si vous deviez les passer avec vos mains ainsi placées devant vos yeux ? Il est évident que cela limiterait considérablement votre expérience du monde, des autres et votre capacité, en orientation professionnelle, à faire des choix éclairés de carrière par exemple, n’est-ce pas ?

Être attaché et fusionné à notre esprit n’est rien d’autre que cela. Un appauvrissement de notre habileté à être dans le monde, en prise directe avec lui, dans l’expérience directe et immédiate de celui-ci et à travers nos 5 sens. À l’inverse si vous baissez progressivement les mains de vos yeux, vous constatez alors immédiatement à quel point des choses apparaissent plus clairement à votre regard et comme il devient infiniment plus aisé de vous reconnecter au monde extérieur. En un sens, vous sortez de votre tête pour entrer dans le monde qui vous environne (Harris, 2012). Pour reprendre le terme utilisé tantôt, vous « défusionnez »…

Cette défusion consiste donc à apprendre à entretenir une relation plus souple et distanciée vis-à-vis de ce que notre esprit produit en permanence, non pas en cherchant à en changer le contenu, mais bien en modifiant la relation que nous entretenons à de telles productions et auxquelles nous accordons une importance démesurée.

Voici un autre exemple, très simple et qui s’inscrit dans la continuité du précédent pour commencer à apprendre à se libérer de la fusion (Harris,  2013). Écrivez deux ou trois pensées dérangeantes, inconfortables, stressantes et que vous constatez être assez fréquentes, voire récurrentes, sur une feuille de papier ou à l’ordinateur. Tenez la feuille devant vous et laissez ces pensées difficiles vous absorber pendant quelques instants. Fermez à présent les yeux et prenez le temps de vraiment ressentir dans votre corps l’impact de ces pensées difficiles. Respirez avec la « souffrance » qu’elle vous occasionnent peut-être. Offrez-leur une place pour être ce qu’elles sont, des pensées, c’est-à-dire de simples constructions de votre esprit. Observez les de l’intérieur aller et venir.

À présent, ouvrez les yeux et placez lentement la feuille sur vos genoux. Prenez soin de remarquer que vous êtes à nouveau davantage disponible pour voir, entendre, toucher, sentir. Là encore, vous venez tout simplement de « défusionner », pourtant ces pensées n’ont pas du tout disparu, elles sont bien là, présentes, vous les avez ressenties, mais les avez progressivement mises à une distance plus grande de vous-même afin de retrouver la capacité de vivre et de ressentir le monde qui vous environne. Vous êtes à présent davantage capable de faire des choix, de prendre des décisions, d’avancer en direction de ce qui est important pour vous (par exemple sur le plan de votre carrière) et cela même en présence de ces pensées et ressentis douloureux dont vous n’avez pas le contrôle.

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