Comment bien choisir son futur programme d’étude au CEGEP
Choisir bien son CEGEP avec Frédéric Piot, Ph.D., conseiller en orientation
La difficulté du choix face à la multitude des programmes disponibles au CEGEP
Comment bien choisir son programme au CEGEP : pour bon nombre d’élèves québécois du secondaire 4 et 5 l’échéance du choix de programme d’études pour le CÉGEP représente un enjeu de taille, souvent accompagné d’un stress important. Pourtant, il s’agit d’une étape importante vers l’élaboration d’un futur projet professionnel car il permet de préciser l’orientation scolaire et professionnelle. Toute une difficulté quand, à 16 ou 17 ans, la connaissance de soi et du monde du travail est en encore bien lacunaire.
Face à choix de programme d’études pour le CÉGEP, certains élèves vivent de l’anxiété à l’idée de ne pas trouver un programme leur conviennent ou qui les acceptent, en particulier lorsqu’ils vivent, par ailleurs, une certaine anxiété de performance. À ce sujet, celui qui en souffre est convaincu qu’il doit sans cesse en faire plus pour être à la hauteur de ses attentes et de celle des autres. Cela peut être envahissant, d’autant plus à une époque où la notion de performance est centrale, voire même exigée, et ce dès l’enfance (Bégin). Cela peut être particulièrement le cas à l’école, au secondaire 4 et secondaire 5 notamment et à mesure que l’obtention du diplôme d’étude secondaire approche.
L’anxiété de performance et le style de prise de décision
Face à une anxiété de performance, l’élève a donc le sentiment de devoir toujours en faire plus, en savoir plus pour se sentir en sécurité. Du coup, la perspective de se tromper par exemple de choix de programme d’étude au CÉGEP peut générer beaucoup de stress, d’insécurité et freiner la prise de décision. C’est à ce moment que l’élève a le sentiment d’être coincé, paralysé dans une espèce d’impasse décisionnelle de laquelle il espère qu’un conseiller en orientation pourra le sortir, par exemple en lui nommant le programme d’études vers lequel il devrait s’orienter. Au sujet de la prise de décision, William James (1950) nous explique qu’il existe des styles de prises de décision propre à chacun. Il est a même classifié de la manière suivante (James, 1950 repris par R. Savard et cité par Brisson Legris, 2015) :
- La décision raisonnée
L’étudiant analyse les pour les et les contre d’un programme d’études au CÉGEP par exemple avant de choisir une option. Il s’agit d’une analyse rationnelle; la décision se prend avec un sentiment de liberté.
- La décision volontaire
Une décision volontaire et difficile implique un sentiment d’effort intérieur, une longue et dure poussée
de la volonté. Il s’agit d’un cas rare, la grande majorité des décisions humaines se prennent sans effort.
- La décision par inertie
Dans ce cas, il ne semble y avoir aucune raison pressante d’adopter l’une ou l’autre option. Chacune semble bonne et l’on éprouve que lassitude ou frustration devant la décision. On prend la décision en se laissant emporter dans une direction qui semble déterminée de l’extérieur de façon accidentelle.
- La décision impulsive
On se sent incapable de décider et le choix semble aussi accidentel que dans le cas précédent. Mais il vient de l’intérieur et non de l’extérieur. On se prend à agir d’une façon automatique et souvent impulsive.
- La décision fondée sur un changement d’optique
Cette décision se produit souvent soudainement à la suite d’une expérience externe importante ou d’un changement intérieur qui aboutit à un important changement d’optique.
Dans ce contexte de tension et d’incertitude qui implique de faire un choix de programme d’études au CEGEP, il est important pour l’élève de secondaire 4 ou 5 de revenir à soi, comme personne, et de tenter de clarifier plusieurs points essentiels de la connaissance de soi et qui peuvent aider à bien choisir.
Faire le point sur la connaissance de soi
Bien que la passation de tests d’orientation soit très utile pour clarifier ses intérêts professionnels ainsi que ses principaux traits de personnalités, je vous partage ici en vrac quelques exemples de thèmes qui peuvent être explorés.
- Quels sont mes intérêts professionnels et mes sources de motivation dans la vie ? Qu’est-ce qui me pousse à me lever du lit le matin ? Que genre d’activité je prends spontanément plaisir à faire quand j’ai du temps de libre ? Quelles émotions ou sensations je ressens quand je les exerce ?
- Parmi les personnes qui me connaissent vraiment bien, j’en choisit trois et je leur demande de me nomment trois qualités et caractéristiques qu’elles voient en moi. Je leur demande la même chose pour des « faiblesses » éventuelles.
- Tandis que mes valeurs sont le jugement que je porte sur ce qui est désirable et important dans ma vie et que celles-ci représentent un guide de mes comportements (Savard, UQAM), j’identifie parmi une liste qu’un conseiller en orientation pourrait par exemple me fournir celles qui me correspondent bien en donnant à un exemple pour chacune.
- Quelles sont mes principales forces et aptitudes à l’école et en dehors ? Dans quelles matières scolaires je suis meilleur, moins bon ?
- Quel type d’études je cible? Est-ce que je me verrai faire un DEC technique, concret, pratique et aller sur le marché de l’emploi ensuite ou me verrai-je plutôt étudier davantage en choisissant plutôt un programme universitaire pour devenir par exemple un professionnel ? Je justifie l’un ou l’autre de ces choix et, avec l’aide d’un orienteur, je tente de faire des liens avec mon histoire personnelle et familiale.
Ainsi que le rappelle Forget (2007), il est essentiel d’aider les personnes à ne pas décider du choix de leur programme d’étude au CÉGEP précipitamment en les incitant à développer d’abord leurs représentations de soi, des formations disponibles, des métiers et du marché de l’emploi. Il est important aussi d’aider le jeune à mieux connaitre les métiers et les débouchés possibles ainsi que les carrières d’avenir par exemple. À ce titre, se faire accompagner par un conseiller en orientation représente certainement une avenue à considérer.